Voici une liste, non exhaustive, de quelques éditeurs dans le milieu du livre numérique. Ce sont ceux que j’ai envie de suivre pour voir vers quoi ils tendent et la ligne éditoriale qu’ils forment petit à petit. Pour une liste complète, consultez celle de Lorenzo Soccavo.
– Bookapp (Lausanne, Suisse). Fondateurs : Frédéric Kaplan, professeur de Digital Humanities à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, et Laurent Bolli, un des organisateurs du LIFT Festival. Ils ont un catalogue conséquent, dû à l’efficacité de leur studio. Ils publient aussi bien des ePubs que des applications dédiées pour certaines entreprises ou acteurs culturels. Ils ont aussi adapté quelques magazines suisses pour iPad.
– Actialuna / Syntonie (Paris). Samuel Petit, le fondateur, est dans une recherche artistique importante. Il cherche à créer des standards, réutilisables, des livres numériques. On peut en voir un exemple dans les livres « L’homme volcan », « Faces de traits » et « Dimensions », puisqu’ils offrent une navigation semblable. Le dernier en date, vraiment beau, est « Un mot est un oiseau ».
– Touch press (Londres). Ils ont une grande collection aussi, essentiellement de « Beaux livres », livres documentaires avec un contenu conséquent. Leurs titres semblent chers mais… ce sont finalement les prix auxquels on devrait être habitués…
– Nosy Crow (Londres) : ils ont développé quelques livres diffusés par Gallimard en France (« Les trois petits cochons », « Cendrillon », « Le petit chaperon rouge »).
– Gallimard jeunesse (Paris) eux-mêmes ont d’autres applications qui reprennent les best-sellers de leurs « livres-papier interactifs » : la coccinelle, les dinosaures, etc… Et ils ont aussi développé une appli pour les enfants, sur le centre Pompidou (Pompidou kids).
– Moving Tales (Londres). Ils ont une formule intéressante de narration, avec un traitement spécifique du texte qui pourrait être gadget, mais qui lui permet surtout de ne pas être un étranger par rapport à l’illustration en mouvement (qui est souvent un problème sur d’autres livres).
– Timbuktu (San Francisco). Leur identité graphique se répercute de livre en livre. Ils ont édité une version de « The nutcracker », mais avec des extraits des morceaux de 3 secondes chacun, fort dommage (histoire de droits?)… Ils ont leur magazine, dont les contenus changent tous les jours.
– Les éditions Mc Sweeney’s (San Francisco) ont elles aussi leur magazine. D’ailleurs, à l’intérieur du magazine, on peut acheter une bd de Chris Ware et voir ce qu’il fait, lui, de la mise en page sur tablette.
– L’apprimerie (Paris). Ils n’ont sorti que Voyage au centre de la terre pour l’instant, mais ils ont d’autres projets sur le feu, à suivre.
– Audois et Alleuil (Limoges). Pareil, ils n’ont qu’un titre, « la princesse aux petits prouts », qui a eu beaucoup de succès et… on attend la suite.
– E-toiles (Paris) font des applications pour tout-petits, très simples, mais efficaces et bien faites…
– Europa apps (Paris). Pour tout-petits. Ils ont un nom pas terrible mais ils ont eu la bonne idée de reprendre des titres de la collection « Loulou & cie » de l’école des loisirs.
– Moonbot studio (Shreveport, Louisiane). Leurs livres sont un peu envahis par les vidéos et leur travail premier d’animateur prend le dessus, mais c’est une prise de position de leur part. Ils tentent de former quelque chose entre le livre et l’animation. Je n’ai testé d’eux que « The fantastic flying books of Mr Morris Lessmore ».
– À propos de films, France Télévision édite des sortes de livres / jeux / films musicaux de bonne qualité. Je pense que c’est surtout dû au travail de Camera lucida, qui sont en fait les auteurs des films. Pour l’instant, sont disponibles « Le carnaval des animaux » (Saint-Saëns) et « Les 4 saisons d’Antoine » (Vivaldi). Chacun enchaîne les séquences vidéos puis les activités, disposées dans un pseudo-livre.
– Les éditions du nuage (Paris) Prometteuses, mais non testées encore. Donnez-m’en des nouvelles !
– Joue avec (Paris), collection de livres sur des artistes (Van Gogh, Monet, de Vinci, Vasarely, Cézanne) qui aurait pu être mieux faite . Ils sont en partenariat avec les éditions DADA.
– Les 3 elles (Paris – Londres). Elles ne font pas vraiment des livres, mais éditent des applications inspirées des méthodes pédagogiques Montessori : « Studio animé » pour faire des dessins animés par exemple.
– Les appli de l’ONF – Office National du Film du Canada (Montréal) : « L’atelier Mc Laren », qui permet de voir les films de Norman Mc Laren tout d’abord, et aussi de s’initier à ses techniques d’animation, « La dernière chasse », etc…
– Walrus Books (Paris). À trouver dans l’iBookStore. Il cherche des moyens de faire de bon ePub, ce qui n’est pas facile techniquement. Le dernier succès en date est une éditions de Kadath, par Lovecraft. Dans les trucs de zombie, de fantastique, les pulp/s. Le fondateur, Julien Simon, parle aussi beaucoup sur son site de son travail et des problèmes rencontrés, lisez-le !
– Les vidéoditeurs (Paris). Eux aussi font des ePubs. On peut trouver, par exemple, « L’art de la guerre », de Sun Tzu, agrémenté de vidéos-commentaires de personnalités qui expliquent comment ils interprètent ce texte dans leurs domaines respectifs.
– Les éditions volumiques (Paris). J’ai du mal à déterminer s’ils ont leur place dans cette liste. Ils sont dernièrement surtout dans le jeu. M’enfin, ils font un travail super, entre papier et écran, on ne les présente plus, allez voir leur site.
Au niveau BD, je recommande surtout :
-« Upgrade soul » de Opertoon Studio (Los Angeles), un feuilleton d’anticipation, lorgnant un peu vers l’univers de Charles Burns.
-« Professeur cyclope » (Nantes), nouveau magazine de bande dessinée adultes sur iPad auquel je me suis aussitôt abonnée.
Et aussi, par titre :
– « Interaction of colors« , le livre de Josef Albers, adapté pour iPad. Je le conseille vivement. Belle interface, information bien amenée… C’est un réel succès d’adaptation du papier vers la tablette. Il a été développé par l’université de Yale et par Potion Design.
– « Fli fli et Flo flo« , c’est chou chou, la rotation de l’iPad est utilisé pour raconter les journées parallèles de Fli fli dans son monde horizontal, et Flo flo dans son monde vertical (ou l’inverse je ne sais plus).
– Dans la même utilisation de l’iPad, l’excellent « Il était des fois« (étudiants de l’école des Gobelins). C’est drôle, les dessins sont beaux, l’utilisation des spécificités de l’iPad est intéressante. Ne surtout pas jouer la voix narratrice, ils ont dû penser que ce n’était pas si important et ont joué eux-même les voix, ce n’est pas bon.
– « Fourmi« , album étonnant, pour petits, quoiqu’un peu angoissant.
– Our choice, un livre d’Al Gore, des editions Pop-up Book (dont, damned, les interaction designers ont été aussitôt rachetés par Facebook). Très bonne manipulation.
– « Napoleon » de Quelle histoire éditions. Il s’agit d’une forme étrange, pas tout à fait réussie mais assez captivante, entre bande dessinée, théâtre (Francis Huster raconte) et documents historiques.
– « Le roi Babel« , de Epic Agency, un livre avec de supers illustrations, et une couche de ludique excessif par-dessus le tout.
– « The monster at the end of this book » reprend Grover, un personnage de Sesame Street. Cette application ressemble plus à un dessin animé-typographié avec un livre dedans… Puisqu’en vérité Grover, qui ne veut pas rencontrer le monstre à la fin de ce livre, ne veut surtout pas que l’on tourne les pages…
– « Bonne nuit!« , l’appli pour préparer les petits à la nuit qui arrive.
– « Le marchand de sable« . J’en parle car moi je ne l’ai pas trouvé spécialement intéressant, mais ma sœur (9 ans à l’époque), oui. Alors…
– « Endless ABC« , un imagier sonore et animé où les lettres du mot sont des petits monstres produisent le son de la lettre. Quand on réussit à recomposer un mot, le sens nous en est expliqué.
– « En haut et en bas« , qui, loin d’être parfait, est un petit livre sympa pour les enfants. Il est en quatre langues, anglais, français, espagnol et surtout hassani car chaque page est partagé en deux, en haut et en bas : d’un côté, la journée d’un écolier (français?) et de l’autre celle d’un écolier (marocain ?). L’enfant doit trouver les éléments communs.