Au salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil où je vais pour voir les conférences sur les livres numériques, il y a un stand Bandes Dessinées. Finalement, à chaque fois c’est là que je reste scotchée. Ce stand est tenu par les éditions FRMK, et il est TOP!
Je suis juste troublée quand les enfants arrivent, qu’ils demandent direct où sont les mangas, puis feuillettent dédaigneusement les bédés en disant « Pfff! C’est des bédés ça? N’importe quoi! »
BREF en tous cas voici le contenu de mon sac, que j’ai dû laisser à Paris parce qu’un bout de mon voyage se faisait en avion… Pardon pour les photos prises sur le sol de la cuisine juste avant de partir…
ROMANCE, de Blexbolex, a eu la Pépite OVNI. Il a eu aussi beaucoup de succès public puisqu’au bout de trois jours on n’en trouvait plus sur le salon. Heureusement, j’en ai attrapé un au vol! Comme dans « Les saisons », on retrouve son graphisme élégant. La puissance narrative de simples assemblages d’images et de non-dits est ici encore plus poussée. Jouissif.
Marion Fayolle, LA TENDRESSE DES PIERRES. Je n’ai pas encore lu cet ouvrage de mon ancienne camarade de lycée, mais la douceur de ses allégories, la représentation de l’espace comme une scène de théâtre et l’atmosphère poétisant le concret rocailleux m’a donné envie de connaitre un peu plus son travail… Pour l’instant cela m’évoque des décalages de réalité comme dans « l’écume des jours ».
« Mathilde, danser après tout » de Mathilde Monnier et François Olislaeger. Je connais Olislaeger notamment pour « Little P. in Echoes Land », pastiche, bien sûr, de « Little nemo in Slumberland ». Comment représenter le mouvement, l’espace en bande dessinée? Baudoin entre autres s’y était attelé dans plusieurs de ses bandes dessinées et dans sa pratique de dessin plus générale… Ici nous n’avons pas du tout le même trait, mais on voit aussi une recherche sur la dispersion spatiale sur le livre, communiquant avec l’avancement temporel du spectacle et un équilibre entre les pleines pages de moments indéfinis et des pages beaucoup plus découpées (je parle d’après mes souvenirs).
… Et chez Nobrow, éditeur anglais que j’ai découvert l’an dernier, je me suis procurée La carte des jours de Robert Hunter… Découpage très intéressant, qui joue sur un jeu entre des macros dans des décors floraux ou des espaces plus grands, des double-pages larges ou très morcelées, de beaux rapports d’une case à l’autre et une place spécifique au texte qui pourrait m’inspirer pour réviser mon prototype de Terre de Grâce.
Un cadeau, de Rupport et Mulot, bien sûr… Mais un cadeau pour moi! Une relation du livre-objet à la narration toujours très jubilatoire, un univers macabre autant que trivial.
Quand j’étais aux Beaux-Arts j’avais pensé à une forme de livre semblable, mais moins maîtrisée, qui prenait plus de hasard puisque les pages auraient été véritablement collées entre elles, et leur déchirement/décollement aurait généré des entrechocs de graphisme et de sens d’une page à l’autre…
Alors celle-ci je ne la connaissais pas du tout, et honte à moi je crois : « Amy et Jordan » de Mark Beyer, c’est Alexandre Balcaen, des éditions Hoochie Coochie, qui travaille sur le stand Bandes Dessinées du Salon du Livre, qui me l’a grandiloquement conseillée. Il me parlait de l’impact du livre sur son imaginaire, de ces gouttières remplies de décorations… Cela m’a fait penser à Bhimayana, édité chez MeMo. C’est culturellement très éloigné de Mark Beyer, mais ce découpage me semblait faire écho au système narratif des tissus utilisés comme support d’inspiration pour la narration orale en Inde.
Pour finir, voici « En avant la ganache« , livre collectif…
Voici le process, copié du site internet de Aktion Mix Comics Commando :
0 : Des films connus ou désuets sont proposés comme base de travail, le but est de les détourner et de les mélanger pour créer un nouveau récit.
1 : Les participants réalisent des linogravures mettant en scènes différents moments, différents personnages ou différents lieux liés aux films choisis.
2 : Les gravures seront imprimées sur des supports encrés, préparés dans l’atelier.
3 : les participants réalisent des collages à partir de découpes des gravures imprimées sur les supports préparés. Les collages mixant les différentes contributions et les formes découpées deviennent les cases de la bande dessinée.
4 : Les différentes cases sont accrochées sur un mur et agencées de façon à créer de nouveaux récits.
5 : un texte existant est choisi par les participants pour venir lier les images.
6 : Un fichier PDF est produit avec le récit. Il sera publié sur le blog du projet et envoyé sur un site de publication à la demande. Les participants et les lecteurs intéressés pourront ainsi obtenir un exemplaire édité du projet.
A. Balcaen m’a expliqué que celui-ci avait été produit lors d’ateliers avec des artistes porteurs d’un handicap mental. Le livre est composé de cases vides avec légendes, et d’une batterie de vignettes (plus que de cases vides) à coller pour construire sa bande dessinée, dans l’idée de continuer le partenariat et la technique de collage avec le lecteur même…